L’œcuménisme est devenu, - on s'en réjouit! - une matière du programme d’études dans les facultés de théologie et les séminaires. Cela implique aussi la nécessité de fournir aux enseignants des outils pédagogiques. Pour la langue italienne, c’est chose faite avec ce manuel composé par la directrice-adjointe du centre Pro Unione de Rome, une personne particulièrement compétente et ayant visiblement une expérience pédagogique certaine. Elle a poussé très loin les subdivisions, ce qui permet de délimiter facilement la matière d'un cours, et de retrouver rapidement l'endroit où l'on explique tel problème, compensant ainsi l'absence d'un index.
Après une introduction générale («initiation»), quatre «modules» traitent successivement de la méthode œcuménique, de sa spiritualité, de l'histoire du mouvement, et enfin une exposition systématique, avec une bonne bibliographie, - qui favorise naturellement les versions italiennes quand il y en a, mais comprend un nombre important de titres anglais et français, et éventuellement allemands, ainsi que plusieurs sites internet. Chaque fois, on ouvre des pistes de réflexion, on complète par des textes de personnalités marquantes (sous le titre de «Laissons la parole à...») et on commente un texte de l'Écriture. Un CD-ROM est joint au volume, qui plaira aux jeunes auxquels l'ouvrage est destiné (eux ne seront sans doute pas agacés comme nous l'avons été par les jeux de présentation, qui ralentissent l'exposé). On ne s'arrètera pas sur quelques détails inexacts, qui sont de peu d'importance (ainsi, dom Lambert Beauduin n'a jamais eu le titre d'«abbé» sauf, mais dans un autre sens, avant son entrée dans l'ordre bénédictin en 1906, - cf. p. 159, - et Mgr Gérard Philips n'a jamais été cardinal, - cf. p. 352; par ailleurs, la Sainte-Sophie sur l'autel duquel le cardinal Humbert déposa la mallieureuse bulle d'excommumcation en 1054 est à Constantinople, non à Jérusalem, - cf. p. 211).
On sent aussi à travers tout le livre le désir de «viser juste», de faire bien percevoir où se situe la limite, de former les étudiants à la critique en évitant aussi bien l' étroitesse d'esprit que les préjugés négatifs, par exemple à l'égard des documents du magistère. Si vraiment, comme nous le pensons, l'ouvrage répond aux attentes et stimule son public, il faudra songer à le traduire ou à l'imiter dans d'autres langues.
In Irénikon 2013, 605-606